Coup d’État militaire au sahel: mobilisation de la religion et des religiosités dans le processus de “refondation” d’une nouvelle République au Niger

Ibrahim Seyni Mamoudou

Depuis 2020, les États du Sahel sont traversés par une série de crise militaro-politique. Si le Niger a été épargné de ces crises politico-militaires, il sera de courte durée car le 26 juillet 2023 des officiers regroupés au sein du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) dirigé par le Général de brigade Abdourahamane Tiani renverse le régime du Président Bazoum Mohamed. Ce qui va plonger le pays dans une crise politique et économique entraînant des sanctions et embargos de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), mais aussi des menaces d’interventions militaire afin de rétablir l’ordre constitutionnel interrompu. En réponse à cette situation, le régime militaire s’est aligné sur le Burkina Faso et le Mali pour former une coalition contre les menaces de la CEDEAO au niveau régional et s'est tourné vers la Russie au niveau international. Sur le plan intérieur, un discours souverainiste invitant la population à un sursaut patriotique a été adopté, impliquant la mobilisation des acteurs de la société civile, des personnalités religieuses et des chefs traditionnels. Le soutien des acteurs religieux continue de s’observer à travers l’organisation de séances de prêche et de prières collectives entrainant ainsi l’irruption du religieux dans la sphère politique. Les autorités militaires, en quête de légitimité politique, s’appuient sur cette dynamique religieuse pour faire de celle-ci, un espace où les difficultés liées aux sanctions de la CEDEAO, les défis sécuritaires et un futur incertain se conjurent dans une ferveur religieuse. Cette communication se propose d'analyser les mobilisations religieuses comme un espace d'opportunité permettant la résurgence des contestations du principe de la laïcité.