L’étude de la perception et de la thérapie traditionnelle de la drépanocytose chez les populations ivoiriennes révèle une interaction complexe entre croyances culturelles et pratiques médicales. La drépanocytose est un paradoxe de la sélection naturelle. Elle est la conséquence d’une anomalie des molécules d’hémoglobine. C’est une maladie négligée avec sa carte de répartition confondue en partie avec celle des pays les plus démunis. Bien qu’étant une maladie génétique connue scientifiquement, la drépanocytose est souvent interprétée à travers des prismes mystiques et spirituels dans les sociétés traditionnelles ivoiriennes. Historiquement, la maladie a été perçue comme le résultat de malédictions, de déséquilibres spirituels ou d’interventions surnaturelles, influençant ainsi les pratiques thérapeutiques.
Les guérisseurs traditionnels, dépositaires de savoirs ancestraux, jouent un rôle central dans la gestion de la drépanocytose. Ils utilisent principalement la phytothérapie, à travers des plantes médicinales locales réputées pour leurs propriétés analgésiques et purificatrices. En parallèle, des rituels spirituels sont souvent organisés pour apaiser les esprits ou lever des malédictions perçues comme étant à l’origine des souffrances. Les guérisseurs prescrivent également des protections spirituelles, telles que des amulettes, et pratiquent des sacrifices dans certaines communautés.
Avec la colonisation et l'introduction de la médecine moderne, un syncrétisme thérapeutique s'est développé. Les populations ivoiriennes combinent souvent les traitements traditionnels et biomédicaux pour faire face à la maladie. Toutefois, la persistance de croyances mystiques et la stigmatisation sociale entourant la drépanocytose freinent parfois l’adoption de la prise en charge médicale, surtout dans les régions rurales.
L’analyse historique montre que la drépanocytose est un enjeu de santé public confronté à des perceptions culturelles profondément enracinées. L’harmonisation entre la médecine moderne et les traitements traditionnels représente un défi contemporain pour améliorer la gestion de cette maladie en Côte d’Ivoire, illustrant l’évolution des pratiques thérapeutiques à travers le temps.
PERCEPTION ET THÉRAPIE TRADITIONNELLE DE LA DRÉPANOCYTOSE PAR LES POPULATIONS IVOIRIENNES
Nonama Rockya BAKAYOKO