Dans la littérature, la ville est devenue un sujet majeur à partir du XIXe siècle, avec l’émergence des grandes villes industrielles. Les écrivains ont commencé à explorer ses aspects sombres, en soulignant la pauvreté, la maladie, la violence et l’aliénation.
Un questionnement relevant de la géographie littéraire permet de dégager les modalités de création d’une nouvelle narration mettant au centre de son esthétique une ville tour à tour spectacle, texte et paysage.
Mais la ville est aussi un lieu d’espoir et de création. « Chaque ville a son âme. Chaque ville a son corps, sa peau, son intelligence, sa bêtise, son côté monstre, sa poétique, sa part de mystère… », Sony Labou Tansi, « Kinshasa ne sera jamais »
Dans la littérature moderne, les écrivains ont cherché à la représenter comme un lieu de liberté où l’on peut vivre de manière indépendante et créative. La ville est devenue le symbole de la civilisation. Mais cette ville, cruelle comme elle l’a été à l’époque coloniale selon Eza Boto dans Ville Cruelle, réserve des surprises car, à côté de son centre rayonnant, se trouve le bidonville où règne la pollution et la misère. A ce propos, Tagne fait remarquer que, sur le plan physique, la ville apparaît dans le roman camerounais avec une double face. C’est la ville belle et séduisante, le site du bonheur lorsqu’on en rêve à partir de la campagne. Lorsqu’on y arrive, c’est le creuset de la misère, des souffrances et des vices où la maladie, la prison et la mort guettent l’individu d’une façon permanente
En ce début du XXIème siècle, il est devenu tautologique de dire que la ville occupe dans nos vies un rôle prépondérant dans tous les domaines culturel, économique, politique et sociologique. L’urbanisation galopante affecte profondément toutes les sphères de notre existence. . Voilà pourquoi la ville, où l’on voit éclore de nouveaux modes populaires d’expression et de mise en sens, qui inspire des récits littéraires , se révèle incontournable pour comprendre la manière dont les sociétés postcoloniales essayent de « rendre l’époque actuelle intelligible, […] trouver une cohérence à des événements épars, apparemment trop incohérents et désordonnés » (Mbembe 1988 : 23). Les récits littéraires permettent de voir comment des événements souvent violents marquent durablement l’existence des Africains, leur manière de relire le passé, de se situer dans l’espace et le temps et d’anticiper sur ce qui risque d’arriver.
Ce panel invite les chercheurs provenant de disciplines et d’horizons divers à contribuer à une discussion riche et pluridisciplinaire autour du sujet de la ville, de l’influence de l’urbain sur la littérature. Seront les bienvenues des communications se proclamant des humanités, de la littérature, de l’architecture, de l’histoire, de la linguistique, de la géographie, les sciences sociales.
Comment se présente-t-elle dans le roman policier ou les textes du fantastique réel des auteurs africains ? L’atmosphère lugubre et terrifiante a-t-elle à voir avec l’Histoire ou s’agit-il d’un cadre imposé par le genre littéraire ?
Axes proposés:
I – Ville et urbain :
– notions, problématiques conceptuelles et questions épistémologiques
– Fragmentation de la ville : frontières et limites
– Ecocritique des villes
– Trajets et voies de rencontre avec l’altérité
– Enfance et la femme : symbole et parole de l’errance en ville
— Discours et représentation de la politique des cités par les textes
– Sémiotiques des lumières et des couleurs en ville
– Polysensorialité et identité
• Habitat en ville/périphérie
• Intertextualité et intermédialité urbaines
II – Ville et dynamiques sociales :
– transformations et mutations sociétales
– dialectique ville/campagne
– Aménagement urbain (enjeux et défis)
-Ville, mobilité et articulations spatio-temporelles : espace public / espace privé,…
– Formes du tissu urbain et réseau des rapports sociaux : hospitalité/hostilité, …
III – Ville et discours :
– Image de la ville, ville/mémoire, ville/imaginaire, ville/corps, ville/texte…)
-Ville et productions littéraires et artistiques
-Ville et diversité linguistique et (inter)culturelle.
– Cultures de la ville et articulations local /global.
Ainsi se profile la possibilité réelle, sinon de comprendre, du moins de pouvoir décrire, à travers l’analyse d’une série d’exemples parlants, comment la fiction et la réalité se rapportent l’une à l’autre. Loin d’être exhaustif, cet inventaire de suggestions est purement indicatif. On serait à même d’y joindre d’autres axes allant dans le sens de la problématique soulevée et proposée au débat.
Chaque proposition doit être accompagnée d’un résumé́ (maximum 250 mots signes, espaces inclus) et d’une brève note biographique (maximum 500 signes, espaces inclus).
Le temps alloué à chaque communication est de 15 minutes, suivi de 10 minutes de discussions / questions.