58. Des passés africains pour un avenir global : la contribution de l’archéologie au défi décolonial

Sirio Canós Donnay
INCIPIT-CSIC
Stefano Biagetti
Universitat Pompeu Fabra

L’archéologie africaniste, comme d’autres disciplines apparentées, présente une contradiction en elle-même : elle est à la fois un produit du colonialisme et un outil fondamental pour son démantèlement épistémologique. D’une part, il est indéniable que les origines de l’archéologie en Afrique sont clairement coloniales, tout comme le sont depuis longtemps ses méthodologies, ses cadres théoriques et ses catégorisations. D’autre part, l’archéologie africaine a pour objet d’étude le continent qui possède la plus longue chronologie d’occupation humaine de la planète, un continent où la contribution écrite à l’histoire est un phénomène de généralisation récente. Dans ce contexte, l’archéologie est la seule discipline qui puisse offrir une perspective avec une profondeur chronologique, constituant l’antidote nécessaire au présentisme qui sature encore une grande partie des études africanistes. C’est pourquoi, dans cette session, nous souhaitons explorer à la fois les progrès réalisés au cours des dernières décennies dans la décolonisation de l’archéologie elle-même (et ses limites), et les multiples contributions que l’étude du passé africain et la déconstruction de l’eurocentrisme historique peuvent apporter à notre compréhension du monde d’aujourd’hui et de ses perspectives d’avenir.