Comme indiqué dans le résumé, ce panel abordera, à partir de perspectives théoriques et épistémologiques critiques du domaine des sciences sociales et humaines (études postcoloniales et décoloniales, féminismes et études de genre, tournant ontologique, nouveaux matérialismes, études animales et autres), les pratiques sociales et politiques qui concernent les formes plurielles d’être et d’être au Maroc, avec une attention particulière (mais pas seulement) aux événements du passé récent et du présent dans le territoire du Rif. Nous sommes particulièrement intéressés par les propositions qui reflètent des perspectives de travail innovantes allant au-delà des approches coloniales et post-coloniales hégémoniques, et par les propositions qui proposent des révisions critiques et des réexamens de ce qui a été étudié et soutenu jusqu’à présent.
Notre panel vise à rendre visible la recherche critique qui se fait actuellement et qui explore, à partir des sciences sociales et des humanités (y compris les humanités numériques), des formes d’être et d’être dans le monde qui ont été invisibles jusqu’à présent : vies humaines et non humaines subalternisées et marginalisées ; identités humaines (ré)émergentes ; religieuses, politiques, linguistiques, de genre et autres ; êtres et êtres liés à la migration et à la transnationalité ; passé et présent des minorités en situation diasporique ; agence des collectifs en situation diasporique ; agence des groupes d’individus en situation diasporique : religieux, politiques, linguistiques, de genre et autres ; les êtres et les êtres liés à la migration et à la transnationalité ; le passé et le présent des minorités en situation diasporique ; l’action des collectifs qui intensifient leur expression politique dans le monde contemporain ; les relations de genre et les relations entre les humains et les non-humains…
Dans cette optique, nous nous intéressons à a) des œuvres qui explorent les formes d’action de ceux qui veulent rompre avec les binarismes et les essentialismes hégémoniques ; et b) les formes de résistance individuelle et collective qui s’articulent au Maroc et dans le Rif. De manière générale, le panel se veut un espace de dialogue pour approfondir l’étude des relations inter-subjectives, inter-collectives et inter-espèces dans le Rif et au Maroc, et un espace productif de débat pluriel pour partager librement de nouvelles perspectives théoriques et méthodologiques sur la recherche sociale et historique.
Au cours des dernières décennies, les études postcoloniales, décoloniales et féministes sur les relations interpersonnelles et intercollectives dans le Rif et au Maroc ont mis en évidence l’urgence d’une réflexion critique sur la construction d’objets d’étude innovants, qui rendent compte de la diversité et de la superdiversité qui caractérisent le moment présent, et qui permettent de mieux comprendre les changements intenses qui se produisent localement.
Bien que la bibliographie sur le Rif soit assez vaste et qu’il ne serait pas dans le cadre de cette proposition de panel de l’examiner dans toute sa variété, d’importantes contributions critiques ont été apportées au cours des deux dernières décennies, qui ont facilité la visibilité de sujets et d’objets de recherche qui ont été subalternisés ou traditionnellement minorisés et ignorés. Logiquement, par rapport au Rif et au Maroc modernisé de la période contemporaine, les plus importantes de toutes les contributions sont les approches des formes de protestation politique et sociale, et la visibilisation des acteurs politiques et politisés locaux ou transnationaux (voir, entre autres, Suárez Collado, 2017, 2023a et 2023b ; Sánchez García et al., 2021). Des éclairages critiques sont également apportés par des travaux classiques (Pennell, 1987) et des recherches très innovantes, notamment sur la période coloniale (entre autres, Aixelà-Cabré, 2019 et 2020 ; Torres Delgado, 2023), ainsi que des réflexions sur la question politique et les mouvements sociaux d’aujourd’hui (entre autres, Aziza, 2003 et 2023 ; Joffé, 2014 ; Saadi, 2021 ; Nahhass et Bendella, 2022 ; Rhani et al. 2022 ; El Ghalbzouri, 2022). Dans la lignée des études précitées, ce panel, intitulé “(Re)penser le Rif et le Maroc”, pourrait constituer un espace académique intéressant pour penser ensemble et discuter des diversités culturelles (re)émergentes, et des pratiques sociales et politiques qui rendent visibles les formes d’inégalité et d’oppression dans le Rif et au Maroc.
La bibliographie citée et le bref état de la question présenté ont pour but de souligner le grand intérêt de l’utilisation des pratiques ethnographiques et autoethnographiques, et de l’exploration de sources ethnohistoriques locales et translocales différentes de celles habituellement employées.