54. Potentialités et ambivalences de la lutte pour le développement dans l’Afrique contemporaine

Josephine Vaccaro
Universidad Complutense de Madrid

L’objectif de ce panel est de promouvoir, de contribuer et d’analyser de manière critique la configuration actuelle des différents pays africains, qui font face, à partir de leurs expériences et de leurs réalités, à des défis spécifiques découlant de l’histoire commune du colonialisme dont l’ombre se prolonge jusqu’à aujourd’hui, à savoir les institutions et les mécanismes mis en place, jusqu’à et y compris les mêmes logiques qui finissent par être reproduites sur le sol africain. Mais après les indépendances, il convient de se demander tout d’abord dans quelle mesure les États-nations ont réussi à se défaire du joug colonial. Si ce n’est pas le cas, pourquoi, et qu’est-ce que cela signifie pour l’avenir du continent africain ? Identifier les continuités du post-colonialisme, par lesquelles la décolonisation totale n’a pas été réalisée après l’indépendance, et comprendre comment il est imbriqué dans sa propre trajectoire historique, devient essentiel pour un diagnostic approfondi et honnête des pathologies et des séquelles de l’expérience coloniale qui affaiblissent et contribuent à l’appauvrissement du riche continent africain. Dans ce sens, comme le montre la pensée de Kwame Nkrumah, référence du panafricanisme, la liberté implique la responsabilité, en favorisant d’une part, chez l’intellectuel et l’homme politique, un sens profond du devoir civique, et d’autre part, en assumant la responsabilité que cette liberté implique, y compris les conséquences de penser et d’agir en accord avec elle, offrant ainsi aux peuples africains une proposition et un outil dotés d’une véritable charge émancipatrice. Elle prend forme à partir du particulier, au sein de l’État-nation, et s’étend au général, à l’ensemble du continent. Ce processus implique d’aller vers son propre développement et d’en être le fer de lance, ce qui n’est pas seulement matériel. C’est pourquoi il est tout aussi important de doter ce dialogue de noms critiques, ce qui signifie, pour Santos, identifier de manière adéquate les absences et les nouveautés, entre autres, dans la sphère politique. Une première approche consiste à repenser une nouvelle épistémologie indigène et noire-africaine. Un dialogue correctement articulé dans lequel il y a une compréhension claire de ce que cela signifie et implique de procéder à partir de et pour la décolonialité, ouvrant la voie à une transformation profonde vers un avenir dans lequel les Africains peuvent et doivent décider pour eux-mêmes. Comment cette configuration peut-elle avoir lieu sans un dialogue sincère et sans une considération et une sobriété appropriées pour les demandes émergeant des différents coins du continent ? Ce panel vise à créer cet espace afin d’affronter, dans sa complexité et ses ambivalences, ce processus par lequel sont repensées les relations inter-subjectives entre des subjectivités dotées chacune de leurs propres constructions du monde.