Située à 30 km de la frontière ivoiro-burkinabé et 84 km de la frontière ivoiro-malienne, Ouangolodougou est, de par sa position géographique, une ville marchande et à trois frontières. Dans cette ville, différents agents animent les échanges commerciaux transfrontaliers parmi lesquels figurent les femmes. Activité économique traditionnellement réservée aux hommes en Afrique, le commerce est de plus en plus contrôlé par les femmes qui jadis, étaient réduites aux tâches ménagères au foyer. Longtemps considérée comme des actrices de l’ombre dont le rôle au sein des réseaux marchands n’était pas véritablement perceptible, la femme communément Dioulamoussou, ont réussi à mettre en place un type de commerce transfrontalier appelé le logordougou. L’objectif de cette contribution est d’analyser la manière dont le logordougou contribue à l’émancipation féminine tout en interrogeant la dynamique transfrontalière de ce commerce, ainsi que le rôle du facteur « genre » dans l’économie marchande à l’intersection des trois frontières. Le recueil des données se base, outre les données bibliographiques et des archives personnelles, sur l’observation et l’entretien réalisés auprès des différents acteurs qui animent ce commerce. Les résultats indiquent que le logordougou est un commerce pratiqué généralement par les femmes et dans lequel, celles-ci sont elles-mêmes colporteuses, tout en travaillant le plus souvent à leur propre compte. Débuté dans un cadre informel, ce commerce devenu formel, est considéré comme de l’entrepreneurial féminin qui permet à la femme africaine de réduire les inégalités d’accès à certaines activités et s’affirmer dans une société réputée phallocrate.
Mots clés : Acteurs, Économie, Logordougou, Féminin, Marchande, Ouangolodougou.