Depuis le 26 juillet 2023, le Niger fait face à une crise politico-militaire qui a bouleversé l’ordre constitutionnel. Le parti PNDS, au pouvoir depuis avril 2011, fut renversé par un groupe de militaires. Parmi les interventions phares des nouvelles autorités on note la dénonciation des accords militaires qui lient le Niger à la France, l’ancienne puissance coloniale. Les militaires appellent par la même occasion la population à un « sursaut » patriotique afin d’atteindre « l’indépendance totale » du pays. Ce contexte a suscité la mobilisation des leaders religieux (salafistes, pentecôtistes et fidèles des religions du terroir) qui tentent de jouer leur partition à travers diverses actions (meeting, prières collectives, invocations, incantations, séances de prêche, …). Les interventions des minorités, notamment les fidèles des religions du terroir, ont suscité la réaction des fidèles musulmans qui voient d’un mauvais œil le « réveil » de ces minorités qui tentent de s’affirmer dans un champ à dominance musulmane. Cette communication interroge, d’une part, les perceptions de la crise que traverse le pays par ces trois acteurs religieux et d’autre part, leurs projets en soutenant les militaires au pouvoir. A partir d’une analyse des données primaires et secondaires, elle vise à rendre compte du rôle des acteurs religieux en contexte de crise. Ainsi tente-t-elle de répondre aux interrogations suivantes : Comment interagissent ces trois groupes d’acteurs dans « l’accompagnement » des militaires au pouvoir ? L’intervention de ces acteurs ne traduit-elle pas une volonté de changement quant à la place de la religion dans l’Etat ? Comment les militaires gèrent-ils l’implication de ces acteurs ?
« Que chacun prie pour le pays », la mobilisation des acteurs religieux dans le soutien à la transition militaire au Niger
Mahamadou Bello Adamou
Ibrahim MOUSSA